Sauter en parapente à Millau

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Parapente à Millau: Le jour où le mur des 100 bornes est tombé !

Parapente a Millau: Le mur des 100 bornes tombe!

ARCHIVES: article de vol libre magazine n° 276 de juillet 1999

Le 6 mai est grand jour de foire traditionnelle à Millau
Après avoir fureté parmi les étals jusqu’à 11h, le ciel se met à me parler dans le creux de l’oreille « eh mon gars, qu’est ce que tu fous la? »; casse croute et hop!!
Obéissant a l’appel, ma voile floquée « ville de Millau » est prête au décollage Puncho sud à 13h30.
Malgré une prévision de rentrée de sud est fort à mi journée, la 1ere montée en thermique s’avère confortable et pratiquement sans dérive.
Après un relais foireux au pic d’andan décision est prise de revenir sur le Causse Noir ou une belle rue de nuages est en train de se former. Nous sommes 3 dans cette assez logue transition et arrivons assez bas pendant que patrice pélissier, qui vient de décoller, arrive aux barbulles. Ayant bien visualisé l’alimentation, notre remontée se fera sans trop de problèmes mais patrice gardera 10km d’avance assez longtemps!
Après 15km sans un virage sous cette rue, avec parfois oreilles et accélérateur pour ne pas rentrer dans la « niole », a 2200m nous sautons sur le sauveterre à l’ouest du Rozier. Patrice est toujours en tête suivi de moi meme et 2 collegues. Un 5m/s intégré m’accueille vers 1900m et me propulse a 2600; les plafonds augmentent. C’est logique, le sol monte lui aussi doucement et échappe un peu mieux a l’inversion; c’est ainsi que l’on a souvent un « trou bleu » sur Millau alors que plus au nord le ciel est bien parsemé de cumulus, cette matérialisation des ascendances.
Devant, patrice s’offre un point bas après le Massgros qu’il négocie comme un chef; il aime bien les points bas ce garçon, sinon il s’ennuie!
Ca me permets de le rattraper et nous arrivons ensemble a 2600m vers la Canourgue; les oiseaux sont partout, une aussi belle effervescence aérienne les a décidé à une petite sortie champetre en notre compagnie, et quelle sortie, la remontée des gorges du Tarn est vraiment de toute beauté et la visibilité excellent.
La transition suivante va me permettre d’aller chercher quelques degré de température supplémentaire vers 1700m, ce qui fait un bien fou car j’ai été un tout petit peu léger sur l’habillement et, depuis le début, ça navigue plutot haut.
Le Truc du midi, à coté de Marvejols, va me faire un bon relais. C’est avec un sourire radieux quà 2500m je me plante sur l’accélérateur en direction du signal de Randon. Patrice, avec un RDV est allé se poser et les 2 autres sont posés en jurant!
Les conditions sont incroyablement bonnes et confortables, sentiment décuplé par le plaisir que je prends au pilotage de ma voile.
Le cumulus suivant a belle allure au fur et à mesure que j’y arrive et, au nord du signal et du début de la chaine de la Margeride, je ferais 2900m dans une ambiance hivernale.
La Lozère est vraiment belle: lacs, pâturages, forêts, nudité des grands Causses, ambiance sauvage; j’en ai même oublié la galère d’un atterrissage éventuel dans le secteur…
Les plateaux de haute Loire apparaissent avec , à l’horizon, le barrage de Naussac/Langogne et les gorges de l’Allier qui me rappellent quelques bons souvenirs de kayakiste.
Après une longue transition occupée à éviter l’onglée, je refais 2800m juste avant la traversée de l’Allier et de ses gorges granitiques et passe un moment a me demander quelle va être la suite!
En effet, le ciel commence a paraitre plus chaotique, avec des cumulus fractionnés, moins nets et, surtout, une grosse zone d’ombre en avant de la route, vers le Puy en velay que je commence a distinguer. Les 1ers 100km en parapente au départ de Millau sont a ma portée et je suis cruellement partagé sur les décisions a prendre. Un cum paraissant actif m’oblige a un détour vers le N/W; il est loin et je ne suis pas sûr d’être dans le timing. Si je me pose sur cette option les 100km n’y seront pas. Je patiente dans un petit zero dérivant en attendant que la zone ensoleillée dans les pentes a l’ouest de Landos s’agrandisse comme ça en prends le chemin. Ce jeu là dure 10mn et quand le zéro s mets en négatif je me jette sur l’affaire.
Le contraste semble bon et étendu; vers 1800m une petite bulle me fait esperer pour finalement me lacher . Mçeme le village de bouchet st nicola, pourtant bien éclairé, n’a pas voulu me donner l’altitude nécessaire pour rejoindre le Puy en Velay.
C’est dans une mer d’huile que j’effectue mon plané final à l’est de l’étonnant lac de cratère du Bouchet; je suis à 106km de Millau et il est 18h; un peu tôt vu le potentiel d’encore 1h30 de convection!
Malgré l’inévitable sentiment de frustration d’être posé là a cette heure, « on peut toujours mieux faire »; j’en tire une immense satisfaction car ce vol n’a été que plaisir; plaisir d’un espace et d’un superbe paysage, plaisir des conditions merveilleusement généreuses et homogènes ou le seul petit stress était de faire attention a ne pas finir dans le nuage.
Merci le vol libre, ça fait 15 ans que ça dure et ça n’est pas prêt de s’arrêter
Merci aussi mille fois à la ville de Millau, Intermarché et Citroën de nous accompagner dans notre passion a travers le flocage de nos ailes, c’est entre autres grâce a vous que nous pouvons vivre de notre passion et ce genre d’aventures; un dernier merci aux institutions locales et régionales qui ont compris tout l’intêret du vol libre dans la promotion de la ville et de ses fabuleux espaces naturels sauvages: ils viennent de débloquer 1500 000 francs pour l’aménagement des sites d’envol Millavois!
C’est d’autant plus justifié après ce w end de l’ascencion qui a vu passer 70 compétiteurs delta, 6 écoles françaises en déplacement, plus les pilotes de tous horizons.
Malgré l’encombrement inévitable ces journées étaient totalement placées sous le signe du vol libre dans une super ambiance. Tous les soirs, sur la terrasse de notre QG, tout le monde s’accordait a dire qu’il se passait quelque chose ici!
La dynamique Vol Libre est a fond de train!

Roland Thurel pour Vol Libre magazine

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